Le pari du vieil homme

Le pari du vieil homme : Dans un village reculé d’Afrique, sous un baobab centenaire, un vieil homme observe en silence.

Chaque jour, il s’assoit sur la même pierre, regardant les jeunes du village jouer et discuter. Mais ce soir-là, il se lève enfin et lance un défi qui va bouleverser le destin d’un garçon.

Son nom est Tano. Personne ne connaît vraiment son âge. On dit en effet qu’il était là avant même que le premier puits du village ne soit creusé.

Ce soir-là, alors que le soleil rougeoie sur l’horizon, il s’approche de Kodjo, un jeune homme ambitieux mais impatient.

— Je vais te faire une proposition, dit-il.

Kodjo, intrigué, s’arrête.

— Un pari ? demande-t-il.
— Oui. Si tu gagnes, je te donne ce que tu désires le plus.

Le jeune homme rit. Tout le monde sait que Tano n’a rien. Juste une vieille case en terre et son éternel bâton en fait.

— Et si je perds ?

Tano sourit.

— Si tu perds, tu devras me promettre de suivre mon conseil, quoi qu’il soit.

Kodjo accepte donc sans hésiter. Il veut partir en ville, devenir riche, prouver à tous qu’il n’est pas un simple villageois destiné à cultiver la terre.

— Très bien, dit Tano. Voici ton défi : traverse la rivière cette nuit, mais seul, et ramène-moi une pierre blanche du fond.

La rivière. Profonde, imprévisible, et surtout… habitée par les esprits, selon les anciens.

Les rires s’éteignent. Kodjo fronce les sourcils.

— Juste ça ?

Il n’a pas peur des esprits. Il sait nager. Ce pari est donc trop facile.

La nuit tombe. Kodjo avance vers la rivière, le cœur battant.

Mais alors qu’il touche l’eau… un frisson parcourt son dos.

Quelque chose ne va pas.

Il plonge. Mais l’eau est froide, trouble. Ses doigts cherchent une pierre sur le fond sablonneux.

Soudain, un courant violent l’emporte.

Il lutte. Suffoque. Frappe quelque chose de dur… une pierre. Il l’attrape et remonte à la surface, à bout de souffle.

Il l’a fait.

Au matin, Kodjo tend la pierre à Tano.

Le vieil homme l’examine, puis éclate de rire.

— Je savais que tu réussirais.

Kodjo sourit.

— Alors, où est ma récompense ?

Tano lui tend la pierre.

— Regarde bien. Cette pierre vient du fond de la rivière, un endroit où personne n’ose aller. Tu as risqué ta vie pour elle… mais au final, ce n’est qu’une simple pierre.

Kodjo fronce les sourcils.

— Que veux-tu dire ?

— Ce que tu cherches ailleurs, tu peux le trouver ici, Kodjo. La richesse, la réussite… elles ne sont pas dans une ville lointaine, mais dans ton courage et ta détermination.

Kodjo reste silencieux.

Il comprend.

Tout ce dont il a besoin, il l’a déjà. En fait.

Kodjo ne partit donc jamais en ville. En effet, Jamais ! Il devint un grand cultivateur, transformant le village grâce à son ingéniosité.

Des années plus tard, les anciens racontaient encore l’histoire du jeune homme qui avait cherché une pierre précieuse… pour réaliser qu’il l’avait toujours eue en lui.

Le pari du vieil homme : Moralité ? Parfois, on cherche loin ce qui est déjà en nous.

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