Paul Biya, l’un des chefs d’État les plus anciens et les plus controversés d’Afrique, a laissé entendre qu’il briguerait un huitième mandat lors des élections présidentielles prévues pour le 5 octobre 2025.
À 92 ans, avec plus de 43 années au pouvoir, Biya incarne une figure politique qui divise profondément l’opinion publique camerounaise et internationale. Son intention de se présenter à ces élections soulève des questions cruciales sur la durabilité de son pouvoir, son héritage, et l’avenir politique du Cameroun.
Un long règne, une longévité politique exceptionnelle
Élu président en 1982 après avoir pris la tête du Cameroun suite à la démission de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, Paul Biya a su maintenir son pouvoir pendant des décennies, même face à une opposition croissante et des défis internes majeurs.
Son leadership s’est inscrit dans une logique de stabilité politique et économique relative, mais a également été marqué par des accusations de corruption, de répression des libertés et de maintien d’un système de gouvernance autoritaire.
En 2025, alors qu’il approche de ses 94 ans, l’idée qu’il puisse briguer un nouveau mandat provoque une fronde chez certains observateurs et une fidélité inébranlable chez d’autres. Les soutiens de Biya font valoir sa politique de « grande stabilité », tandis que ses détracteurs pointent son âge avancé et sa gestion opaque du pouvoir.
La question de la santé et de la légitimité
La santé de Paul Biya est un sujet qui alimente des spéculations depuis plusieurs années. Il est rare de voir le président en public, ce qui renforce les doutes concernant ses capacités à exercer pleinement ses fonctions.
Les observateurs, tant au Cameroun qu’à l’international, se demandent si un homme âgé de 92 ans peut réellement être en mesure de gérer les affaires de l’État et faire face aux défis de gouvernance. Les médias ont rapporté qu’il souffre de problèmes de santé, mais son entourage reste discret sur ces questions, ce qui alimente la zone d’ombre autour de son état.
Néanmoins, l’absence de discours sur une succession claire au sein du pouvoir camerounais et la discipline interne au sein de son parti, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), laisse penser que Biya pourrait chercher à se maintenir au pouvoir pour éviter des luttes de succession qui pourraient déstabiliser le pays.
Les soutiens institutionnels et la réponse de l’opposition
En janvier 2025, le Conseil des chefs traditionnels du Cameroun a exprimé son soutien à la candidature de Paul Biya, une déclaration qui souligne l’enracinement de son pouvoir dans les structures traditionnelles du pays. Le RDPC, son parti au pouvoir, continue de manifester son soutien indéfectible, et le climat politique semble encore lui être favorable, même si des tensions persistent au sein de la population.
Cependant, l’opposition camerounaise s’est récemment intensifiée. Des figures comme Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), continuent de critiquer la longévité du régime de Biya et plaident pour un renouveau démocratique. La mobilisation des jeunes et des activistes anti-Biya a également pris de l’ampleur, bien qu’elle reste largement réprimée par les autorités.
La quête de légitimité à travers l’élection
L’un des enjeux majeurs de ces élections réside dans la légitimité de Biya face à la montée des critiques sur son âge et son régime. En annonçant sa candidature, Biya cherche peut-être à réaffirmer son autorité politique tout en consolidant son emprise sur le pays, mais cette démarche pourrait également avoir pour objectif de légitimer davantage son pouvoir. L’opposition, quant à elle, met en lumière la nécessité d’un changement et plaide pour une alternance politique.
Cependant, il est important de noter que l’alternance reste une idée éloignée dans le contexte camerounais. Le système politique a longtemps été dominé par une forte centralisation du pouvoir autour de la présidence. Les élections de 2025 ne devraient pas seulement porter sur la personne de Paul Biya, mais aussi sur la viabilité du système politique dans son ensemble. Ces élections risquent de devenir une véritable épreuve de force pour le pays, un test pour sa démocratie fragile.
L’héritage de Paul Biya
Le bilan de Paul Biya est complexe et ambigu. D’un côté, il est crédité d’avoir assuré une certaine stabilité au pays et d’avoir contribué à la modernisation de certaines infrastructures. De l’autre, son gouvernement est régulièrement critiqué pour son autoritarisme, son absence de réformes profondes et son manque de transparence. Le Cameroun, sous Biya, a aussi traversé des périodes de crises économiques et sociales, exacerbées par la guerre dans les régions anglophones.
L’héritage de Biya dépendra en grande partie de l’évolution du pays après son départ. Si certains lui reconnaissent un rôle stabilisateur, d’autres estiment qu’il a freiné l’émergence d’une véritable démocratie et d’un processus de décentralisation qui permettrait une plus grande autonomie des régions.
Conclusion
En 2025, Paul Biya semble prêt à poursuivre son règne, bien que des incertitudes demeurent quant à sa capacité à gouverner à son âge avancé. Les élections présidentielles de cette année seront sans doute marquées par des tensions politiques fortes et un débat sur l’avenir du Cameroun après plus de quatre décennies sous son leadership.
La question centrale reste la suivante : quel avenir pour un pays qui, après plus de 43 ans de leadership de Paul Biya, aspire à une transformation ? Les réponses à cette question détermineront le prochain chapitre de l’histoire politique du Cameroun.
À l’instar de Paul Biya, qui cherche à prolonger son règne en 2025, Alassane Ouattara a également décidé de briguer un troisième mandat en Côte d’Ivoire, soulevant des questions similaires sur la longévité au pouvoir et les enjeux politiques sous-jacents.
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