Le 5 avril 2025, le Mali, l’Afrique et le monde ont perdu l’un de leurs fils les plus inspirants : Amadou Bagayoko, moitié du mythique duo Amadou & Mariam, est décédé à Bamako à l’âge de 70 ans, après avoir lutté avec courage contre la maladie.
Plus qu’un artiste, Amadou était une âme musicale, un passeur de lumière qui a su transformer ses épreuves personnelles en mélodies universelles. Sa voix, sa guitare, son sourire et son parcours resteront à jamais gravés dans le patrimoine musical mondial.
Amadou Bagayoko : Un destin forgé par la musique et la résilience
Né le 24 octobre 1954 à Bamako, au cœur d’un Mali encore jeune et en construction, Amadou perd la vue dans son adolescence. Un choc ? Certainement. Mais il ne s’y est jamais résigné. Bien au contraire, cette cécité est devenue, avec le temps, la source d’un regard intérieur profond, et peut-être même la clé d’une sensibilité musicale unique.
Il intègre très jeune l’Institut des Jeunes Aveugles de Bamako, où il développe une passion inextinguible pour la musique. Là-bas, il apprend la guitare, découvre les rythmes traditionnels du Sahel, mais aussi les sons venus d’ailleurs : le blues américain, le rock, le reggae.
C’est aussi là qu’il rencontre Mariam Doumbia, une voix douce et lumineuse, elle aussi non-voyante. Ensemble, ils vont écrire l’un des chapitres les plus beaux et les plus émouvants de la musique africaine.
Amadou & Mariam : au-delà du couple, un symbole
Mariés en 1980, Amadou et Mariam ne sont pas seulement partenaires dans la vie : ils le sont aussi sur scène, en studio, dans l’imaginaire collectif. Leur complicité artistique est fusionnelle. Ensemble, ils forment un duo hors normes, le couple aveugle le plus célèbre de la musique mondiale, mais surtout un exemple d’union, de tendresse et de persévérance.
Leur premier grand tournant a lieu à Abidjan, en 1986, où ils enregistrent une série de cassettes entre 1989 et 1995. Ces titres circulent à travers l’Afrique de l’Ouest, touchent les cœurs, racontent la vie, l’amour, les joies simples et les combats du quotidien.
La consécration avec “Dimanche à Bamako”
Mais c’est en 2004, avec la sortie de l’album « Dimanche à Bamako », que leur trajectoire prend une dimension planétaire. Produit par Manu Chao, l’album est une explosion de sons, de rythmes, de chaleur humaine. Le morceau phare, “Le dimanche à Bamako, c’est le jour de mariage”, devient un tube international, chanté et dansé sur tous les continents.
Dans cette chanson, il n’y a pas que des percussions entraînantes ou une mélodie entêtante. Il y a l’Afrique du quotidien, celle des marchés, des mariages, des foules en liesse, celle qui rit, qui aime, qui vit. Ce titre devient une fenêtre vivante sur Bamako, une ville qui palpite au rythme des tambours et des cœurs.
L’album se vend à plus de 300 000 exemplaires, remporte une Victoire de la Musique, et installe définitivement Amadou & Mariam dans la légende.
Amadou Bagayoko : Une carrière tissée de rencontres, de métissages et de combats
Tout au long de leur parcours, Amadou & Mariam ont su faire dialoguer les cultures. Leur musique est un pont entre le Mandé et le Monde, entre la tradition et la modernité, entre la guitare sahélienne et les beats électroniques.
Ils collaborent avec Tiken Jah Fakoly, Bertrand Cantat, Santigold, Manu Chao, Coldplay (dont ils assurent les premières parties en 2012), et bien d’autres. Ils jouent dans les festivals les plus prestigieux, de Coachella aux Francofolies, du Montreux Jazz Festival à Glastonbury.
Mais Amadou, malgré la renommée, n’a jamais oublié ses racines. En 2014, le couple crée l’association OMAHC (Œuvre Malienne pour l’Humanitaire et la Culture), avec pour objectif de soutenir des projets d’éducation, de santé et d’accès à l’eau en milieu rural. Pour eux, la musique devait servir quelque chose de plus grand que soi.
Amadou Bagayoko, l’homme derrière l’artiste
Ceux qui l’ont connu parlent d’un homme simple, discret, humble, toujours souriant. Son rire était contagieux, sa sagesse apaisante. Il jouait de la guitare avec une grâce rare, comme si chaque note était un souffle, une prière, une caresse.
Il aimait le Mali, sa culture, sa cuisine, sa langue, son peuple. Et surtout, il aimait Mariam, de cet amour constant, complice, indéfectible. Jusqu’au bout, elle fut à ses côtés, sur scène comme dans la vie, fusionnelle et fidèle.
Un héritage intemporel
Aujourd’hui, le silence a remplacé les accords de sa guitare, mais son œuvre continue de résonner. Des générations d’artistes africains et du monde entier le citent comme une référence, un modèle. Son fils Sam, musicien également, porte déjà fièrement le flambeau.
Dans un monde souvent bruyant, Amadou a choisi la douceur, l’authenticité, et l’émotion. Il n’a pas seulement chanté le Mali — il l’a fait aimer.
À jamais dans nos cœurs
Le 5 avril 2025, une guitare s’est tue, mais une étoile s’est allumée. Que l’âme d’Amadou repose en paix. Qu’elle continue de chanter, quelque part, entre les étoiles et le fleuve Niger.
Repose en paix. Et merci pour la lumière.
À (re)découvrir : Le clip culte “Dimanche à Bamako”
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