Côte d’Ivoire : Ce 17 mars 2025, un coup de tonnerre a secoué la scène politique ivoirienne. La Commission électorale indépendante (CEI) a publié la liste provisoire des candidats pour l’élection présidentielle d’octobre prochain… et deux grands absents font déjà polémique : Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
Pour beaucoup, ces noms sont loin d’être anodins. Ce sont des figures marquantes de l’histoire récente du pays, aimées ou controversées, mais impossible à ignorer.
Un passé qui ne passe pas
Laurent Gbagbo reste l’un des visages les plus connus de la politique ivoirienne. L’ancien président, aujourd’hui âgé de 79 ans, avait pourtant retrouvé sa liberté après son acquittement par la Cour pénale internationale en 2021. Mais sur le plan national, la justice ivoirienne l’a toujours dans son viseur.
Avec Charles Blé Goudé, ex-leader de la jeunesse patriotique, ils partagent une condamnation de 20 ans de prison pour l’affaire du braquage de la BCEAO pendant la crise post-électorale de 2010-2011.
Malgré la grâce présidentielle accordée à Gbagbo en 2022 par Alassane Ouattara, ses droits civiques n’ont pas été restaurés. Résultat : les deux hommes sont exclus de la course.
De la politique ou de la stratégie ?
Pour leurs partisans, cette exclusion n’est pas qu’une simple question de droit. C’est une manœuvre politique pour éliminer des adversaires gênants. Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) parle carrément d’une « atteinte à la démocratie ».
Charles Blé Goudé, lui, dénonce une volonté d’étouffer l’opposition. « On nous empêche de parler, de mobiliser », a-t-il affirmé face à la presse, le ton grave.
L’opposition, plus que jamais unie dans la « Coalition pour l’alternance pacifique », réclame non seulement leur réintégration, mais aussi une nouvelle révision des listes électorales. Un signe que la tension monte doucement, à quelques mois du scrutin.
Le poids du passé, les espoirs du présent
Au fond, cette affaire ravive une vieille question : la Côte d’Ivoire a-t-elle vraiment tourné la page des crises passées ? Car derrière cette bataille juridique, se cache la réalité d’un pays encore en quête de réconciliation.
La jeunesse ivoirienne, qui représente plus de la moitié de la population, aspire à une politique qui parle d’avenir, d’opportunités, et non de divisions anciennes. Mais comment y croire quand le climat politique semble encore fragile ?
Et maintenant ?
La CEI affirme qu’elle n’a fait qu’appliquer la loi. Mais la loi suffit-elle à garantir la paix sociale ? Les quinze prochains jours – le délai pour faire appel – seront scrutés de près. La moindre décision, la moindre déclaration, pourrait faire basculer l’équilibre précaire dans lequel se trouve le pays.
Ce qui se joue aujourd’hui dépasse le cas de Gbagbo ou de Blé Goudé. Il s’agit de savoir si la Côte d’Ivoire saura éviter les vieux pièges qui, par le passé, l’ont trop souvent conduite à l’impasse.
Un choix collectif
La présidentielle de 2025 sera bien plus qu’un rendez-vous électoral. Elle sera le reflet de ce que les Ivoiriens veulent pour leur pays : un avenir pacifié et ouvert ou de nouveaux clivages.
D’ici là, la question reste ouverte : réconciliation ou confrontation ? Et chacun, du citoyen lambda aux leaders politiques, aura son rôle à jouer.
Plus d’actu sur Actus et Débats.
Ne manquez rien; Abonnez-vous à notre Lettre d'information !