L’annonce a été officialisée le 17 mars 2025. Le Niger quitte l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cette décision marque un tournant majeur dans la politique étrangère du pays après le coup d’État militaire de juillet 2023.
Le retrait fait suite à la suspension de Niamey par l’OIF, qui avait pris cette mesure après le renversement du président élu Mohamed Bazoum.
« Cette décision est souveraine », a déclaré le ministère des Affaires étrangères du Niger.
Un contexte tendu : l’alliance du Sahel et le rejet des influences extérieures
Le Niger, tout comme son voisin le Burkina Faso, dirigé par une junte militaire, semble vouloir se distancer des anciennes puissances coloniales et de certaines institutions internationales jugées trop liées à la France.
Le pays, ainsi que le Mali, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), continue de prendre des décisions unilatérales visant à redéfinir ses relations diplomatiques et à renforcer son autonomie stratégique.
« L’Alliance des États du Sahel est un projet qui vise à réinventer nos relations entre pays africains », a ajouté un diplomate nigérien.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont tous rompu avec la France, poussant à l’expulsion des troupes françaises de leur territoire. Cette rupture traduit la volonté de ces pays de réaffirmer leur souveraineté face à des influences extérieures jugées trop pesantes.
Pourquoi ce retrait de l’OIF ?
L’Organisation internationale de la Francophonie, fondée en 1970, a pour mission de promouvoir la langue française et de favoriser la coopération multilatérale.
Cependant, avec la montée des juntes militaires au Sahel, la pertinence de cette organisation, perçue par certains comme alignée avec les intérêts français, est remise en question.
Les pays du Sahel, notamment le Niger et le Burkina Faso, estiment que l’OIF ne répond plus aux besoins réels des pays africains dans un contexte de transition politique.
Le Burkina Faso, en réaction au même coup d’État, a également opté pour une décision similaire, marquant une volonté de rupture avec les anciennes structures coloniales.
L’influence de la France et la réorientation géopolitique du Sahel
Depuis les coups d’État militaires, les pays du Sahel cherchent à réduire leur dépendance à la France et à réévaluer leurs relations avec les institutions internationales. Le retrait de l’OIF fait partie de cette réorientation plus large.
Les trois pays, Niger, Burkina Faso et Mali, ont pris des mesures similaires :
- Suspension de leurs relations diplomatiques avec la France.
- Expulsion des troupes françaises et recherche de nouveaux partenariats, notamment avec des pays comme la Russie.
Ces décisions stratégiques montrent une volonté de changer le paradigme historique des relations franco-africaines. L’objectif est de renforcer une coopération régionale tout en développant des partenariats extérieurs non occidentaux.
L’OIF face à ses défis : une organisation à la croisée des chemins ?
L’OIF regroupe actuellement 93 États membres. Parmi ses missions figurent la promotion de la diversité culturelle et linguistique et l’appui aux politiques publiques des États.
Toutefois, l’organisation pourrait se retrouver face à de nouvelles difficultés à maintenir son influence sur le continent africain, où plusieurs pays se détournent de ses principes et orientations.
Si cette tendance se poursuit, la Francophonie pourrait voir diminuer son poids dans la politique internationale, notamment en Afrique subsaharienne. L’influence grandissante de puissances non occidentales, comme la Chine et la Russie, pourrait également jouer un rôle dans ce réalignement géopolitique.
Un avenir incertain pour l’OIF et le Sahel
Le Niger, avec sa décision de se retirer de l’OIF, lance un message fort aux autres pays du Sahel et d’Afrique. En effet, cette rupture pourrait inspirer d’autres pays à revoir leur position vis-à-vis des organisations francophones et de la coopération avec l’Occident.
Le Mali, également dirigé par une junte militaire, pourrait être tenté de suivre cette dynamique, ce qui marquerait un changement profond dans les relations diplomatiques entre l’Afrique et les anciennes puissances coloniales.
Les développements futurs dans cette région pourraient influencer la politique étrangère de tout le continent africain.
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