L’Énigme de Monsieur Crépin, une histoire réelle comme vous et moi. Dans les années 2001, le quartier d’Agoé Démakpoé baignait encore dans l’obscurité. L’électricité y était rare, les rues plongées dans une atmosphère à la fois paisible et mystérieuse.
C’est dans ce décor que débarqua un homme dont personne ne savait grand-chose : Monsieur Crépin.
Il était discret, réservé, mais toujours courtois. Son regard, profond et insondable, inspirait autant la curiosité que la méfiance. Dès son arrivée, il ouvrit une boutique d’alimentation et de boissons.
Rapidement, elle devint un point de ravitaillement incontournable, surtout pour les femmes du quartier qui, auparavant, devaient parcourir de longues distances jusqu’à Agoé Niviéme pour acheter des produits essentiels.
Mais plus encore que son commerce florissant, c’est l’aura énigmatique de Monsieur Crépin qui faisait parler.
Un homme insaisissable
Son accent, sa musique béninoise jouant en boucle dans sa boutique… Tout portait à croire qu’il venait du Bénin. Mais d’autres murmuraient qu’il était originaire de Tado, ou encore de Tohoun. En vérité, personne ne savait exactement d’où il venait.
Ce qui intriguait encore plus, c’était son indifférence totale envers les femmes. Elles étaient nombreuses, jeunes et moins jeunes, à tenter de capter son attention. Certaines usaient de leur charme, d’autres allaient jusqu’à se rendre indispensables en lui proposant de cuisiner pour lui, de nettoyer sa maison, de l’aider dans ses affaires.
Rien n’y faisait.
Monsieur Crépin demeurait impassible.
Très vite, les rumeurs s’enflammèrent. Était-il impuissant ? N’aimait-il pas les femmes ? Certains riaient sous cape, d’autres le provoquaient ouvertement. Les plus jeunes du quartier, eux, lui trouvèrent un surnom moqueur : Atontonon, l’homme sans virilité.
Une révélation inattendue
Les années passèrent. Indifférent aux commérages, Monsieur Crépin agrandit son commerce, acheta un terrain non loin et s’y construisit une maison. Puis, un jour, contre toute attente, il se mit à courtiser des femmes.
Le choc fut total.
Ce célibataire endurci, jadis méprisant envers toutes les avances, devenait soudainement un séducteur. Les moqueries fusèrent :
— Alors, il s’est réveillé après tout ce temps ?
— Peut-être qu’il a trouvé une potion magique ?
Mais les blagues se transformèrent rapidement en rumeurs inquiétantes.
Les jeunes filles du quartier commencèrent à tomber enceintes. Une, puis deux, puis trois… En quelques mois, elles furent des dizaines à déclarer que Monsieur Crépin était le père de leur enfant.
L’effroi gagna les familles.
Un scandale qui éclate
Les accusations se multipliaient. Des collégiennes, des jeunes filles à peine sorties de l’adolescence, affirmaient être tombées sous son emprise. Les parents, furieux, se demandèrent :
— Comment un homme qu’on croyait incapable de toucher une femme a-t-il pu causer un tel ravage ?
— L’a-t-on accusé à tort pendant toutes ces années ?
— Pire encore… a-t-il prémédité tout cela ?
La situation atteignit son paroxysme lorsqu’une jeune fille de 16 ans, fille adoptive d’un influent médecin militaire, annonça elle aussi être enceinte de Monsieur Crépin.
C’en était trop.
Le médecin militaire, ivre de rage, usa de toute son influence pour faire arrêter l’homme. Au commissariat, face aux policiers et aux familles en furie, Monsieur Crépin ne nia pas :
— Oui, je reconnais les faits.
Mais ce qu’il ignorait, c’est que la jeune fille qu’il avait mise enceinte n’était pas une simple orpheline recueillie par un soignant du quartier. Elle était la fille du médecin militaire lui-même.
L’Énigme de Monsieur Crépin : Le choc final
Arrêté, interrogé, Monsieur Crépin fut néanmoins libéré après un mystérieux arrangement. Peut-être avait-il payé pour sa liberté ? Nul ne le savait exactement.
Cependant, il s’engagea à assumer toutes ses responsabilités. Il prit en charge les pensions alimentaires de chacune des jeunes filles enceintes. Lentement, le tumulte se calma.
Mais ce n’était que le début d’un drame encore plus sombre.
Car quelques mois plus tard, les premières naissances révélèrent une vérité glaçante. Tous les bébés avaient les traits indéniables de leur père.
L’homme que l’on moquait autrefois pour son manque de virilité avait, en réalité, engrossé une génération entière.
Mais l’horreur atteignit son paroxysme lorsque la rumeur se confirma : la majorité de ces jeunes mères étaient contaminées par le VIH.
Certaines survécurent, d’autres non.
Puis, un jour, sans prévenir, Monsieur Crépin disparut.
Retourna-t-il au Bénin ? À Tado ? À Tohoun ? Nul ne le sait.
Mais des années plus tard, on apprit qu’il était réapparu quelque part… avec une femme, la sienne, qu’il avait ramenée de son mystérieux pays. Cette femme lui donna plusieurs enfants, comme si toute l’histoire passée n’avait été qu’une brume lointaine…
Une vengeance ou un destin cruel ?
Beaucoup dans le quartier se demandèrent si Monsieur Crépin avait délibérément manipulé tout ce monde. Avait-il voulu se venger des humiliations subies ? Avait-il planifié son ascension patiente et sa revanche tragique ?
Ou était-il simplement un homme maudit, rattrapé par un destin funeste ?
Quoi qu’il en soit, Agoué Démakoué ne l’oubliera jamais.
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