Toute perfection a son ombre. Je vais vous parler d’une histoire vraie. Une histoire qu’on aurait préféré inventée : Douala.
Celle de Linda qui a vu ce qu’il peut y avoir entre les lignes de la perfection.
Linda est une jeune femme africaine comme tant d’autres. Débrouillarde, digne, rêveuse mais lucide. Elle connaît la vie. Elle sait que les contes de fées, c’est surtout pour les enfants, ou du moins, c’est ce qu’elle pensait.
Un jour, elle fait la rencontre de Thomas.
Un homme blanc, élégant, posé, généreux. Il ne parle pas de sexe, il parle de projets. Il l’écoute, il s’intéresse. Il ne promet pas des miracles, il propose de la stabilité. Et surtout… il agit. Il l’aide à payer ses factures. Il prend soin d’elle comme personne ne l’avait jamais fait. Une aide sans contrepartie, du moins en apparence.
Petit à petit, Linda se laisse aller à croire. Elle se dit que, peut-être, la chance lui sourit enfin.
Et quand Thomas lui propose de venir le rejoindre en Europe, elle accepte.
À son arrivée, tout est encore plus parfait que prévu. Hôtel de charme, dîners élégants, vêtements neufs. Thomas est aux petits soins. Il insiste pour qu’elle fasse un check-up médical complet, il se dit inquiet pour elle, il connaît des gens, tout sera pris en charge.
Linda, touchée par tant d’attention, ne pose pas trop de questions. Elle fait confiance.
Elle signe des papiers dans une langue qu’elle ne comprend pas.
Elle prend un calmant, comme on lui demande.
Et elle ferme les yeux.
Les yeux ouverts, Voici le visage de la perfection
Elle ne peut plus parler. Elle a mal partout. Et elle comprend, à moitié.
On lui a enlevé un rein. Son utérus. Une partie de son larynx.
Oui. On l’a littéralement dépecée, comme une marchandise.
Ses organes ont été vendus.
Thomas ? Disparu.
C’est ce qu’on appelle, dans les milieux criminels, du “comfort grooming” : offrir du confort, de l’amour, de l’argent pour endormir la vigilance d’une cible.
Et ensuite… on prélève.
Linda a eu de la chance dans son malheur. Elle a été retrouvée par une ONG, prise en charge. Aujourd’hui, elle est en vie. Mais brisée. Elle ne sera plus jamais la même.
Ce genre de trafic existe. Il est réel.
Et il cible souvent des femmes vulnérables, isolées, pleines d’espoir.
Ne vous fiez pas aux apparences.
Tous les princes ne sont pas charmants.
Certains sont des prédateurs déguisés.
Et si vous êtes sur une appli, si quelqu’un vous offre soudainement trop sans rien demander, posez-vous la question :
qu’est-ce qu’il prend en retour ?
Linda raconte son histoire aujourd’hui pour que plus jamais une autre ne se réveille sans ses organes, sans sa voix, sans son corps.
Le grooming c’est quoi ?
Ce que l’on appelle “grooming” est une stratégie redoutable. Il ne s’agit pas toujours de prédateurs qui surgissent brutalement, mais de manipulateurs patients, qui tissent une relation de confiance, parfois sur des mois ou des années. Ils deviennent les confidents, les figures protectrices, voire les “sauveurs” d’enfants ou d’adultes vulnérables. Dans le cas de Thomas, sa perfection n’était qu’un déguisement. Il offrait la sécurité… pour mieux désarmer.
Ce mécanisme est tristement courant dans les réseaux de traite et de trafic d’organes. Les victimes sont isolées, parfois persuadées qu’elles font un “sacrifice” pour quelqu’un qui les aime. Le lien affectif devient une prison mentale. Garçons ou filles, mineurs ou jeunes adultes, tous peuvent être ciblés. Dans certains cas, les trafiquants font croire à des promesses d’avenir, d’amour, de protection, pour ensuite les utiliser comme des ressources à exploiter.
L’horreur ne commence pas toujours par la violence, mais par une main tendue. C’est ce qui rend le grooming si dangereux. En révélant ces mécanismes, l’objectif est clair : éveiller les consciences, apprendre à détecter les signaux, et rappeler que derrière certains sourires… il peut y avoir des intentions inavouables.
Chroniques de El-Rissa, pour qu’on n’oublie pas.
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